L'Equipe le 30 Novembre 1998.





ANNACONE RACONTE SAMPRAS : "PETE CHERCHE SES LIMITES".

Pete a une approche mentale que d'autres n'ont pas : ses objectifs et sa vie sont simples, il se concentre a cent pour cent sur le tennis. C'est très dur après autant de succès, mais il continue à savoir pourquoi il se trouve sur un court : pour se battre et prendre du plaisir à relever ses défis.
Cette année par exemple, l'existence d'un défi a été déterminante sur sa fin de saison. Ca a été la même chose quand André (Agassi) était son grand rival il y a quelques années. Ca le rend plus compétitif. Si vous croyez en vos capacités, la compétition vous stimule. Certains joueurs ont du mal à supporter la pression alors que Pete la considère comme nécessaire.

Voilà quelques années, il m'a dit une chose qui explique bien son attitude : "Une fois qu'on réalise qu'on peut vraiment gagner les grands Chelems, et qu'on est un des meilleurs, on sait ce qu'on a à faire et ou on va." Lui, c'est très simple, il a eu envie de voir ou se situaient ses limites. Et il a fondé toute sa carrière autour de ca.

Une autre chose qui m'impresionne chez lui, c'est son perfectionnisme. Dans l'idéal, il a le jeu le plus complet. Mais, même quand vous possédez toutes les armes, il vous reste à apprendre comment les utiliser. J'espère l'avoir aidé sur quelques petits détails techniques et c'a été un plaisir de le voir assembler les pièces du puzzle.

Pete me facilite la tâche en me parlant précisemment de ce dont il a besoin. Après u match ou un entrainement on discute. Je lui dis : "Qu'est-ce qui s'est passé aujourd'hui?" Ses réponses sont simples, logiques et pratiques. Ce qui m'aide, c'est que j'ai été moi-même joueur. Par exemple, je sais ce que c'est d'avoir perdu un match accroché.

Notre relation professionnelle est aussi facilitée par le fait que nous sommes amis dans la vie. Je le connais depuis qu'il a dix-sept ans. On a grandi en tant qu'amis, je l'ai vu progresser, donc il me fait confiance.

Pete travaille dur à des moments précis de l'année : avant l'Australie, avant Roland-Garros et avant le circuit US d'été. C'est tout. Le reste du temps, il lui suffit d'avoir des bases décentes. S'il s'entraine comme un fou, il va bruler toute son énergie.

[...]

Quelquefois, je me demande s'il sera encore motivé une fois qu'il aura atteint tous ses objectifs. Mais je sais aussi que, quand il voit un autre joueur prendre sa place de numéro 1 mondial, il n'aime pas ça. Il sait que c'est lui qui devrait occuper la place.

[...]

Il lui reste au moins quatre ans, c'est-à-dire seize échéances, pour gagner deux titres du Grand Chelem...