L'Equipe le 28 Novembre 1998.



By Patrick Vignal .

CHAMPAGNE MISTER PETE!

INCONTROLABLE. Pete Sampras a laissé filer la bride jeudi à Hanovre, au soir de son intronisation officielle comme numéro 1 des numéros 1. Il avait d'ailleurs prévenu : "pendant de nombreuses années, je n'ai pas su apprécier mes victoires. Ce soir, je tiens à boire un verre et à m'amuser un peu.".
Douché au champagne sur le podium des conférences de presse, il se saisit donc de la bouteille pour en boire une large gorgée, puis pour asperger en représailles Mark Miles, le directeur de l'ATP Tour, et Ion Tiriac. Puis commença la ronde infernale des portions du gâteau géant à distribuer aux membres de la presse. Une orgie!

Ensuite? "Quand il est rentré aux vestiaires, raconte Paul Annacone, son entraineur, il m'a dit : "C'était sympa!" Je lui ai demandé s'il ne s'était pas senti trop mal à l'aise, car il n'aime pas ce genre de situation, mais il m'a assuré qu'il avait aimé".

Et alors... Ensuite? Raconte Paulo, raconte! Du croustillant? De l'ébouriffant?... "Nous sommes rentrés à l'hotel, il a bu une nouvelle gorgée de champagne, puis il m'a demandé qui je pensais qu'il allait rencontrer en demi-finale. Et nous sommes allés nous coucher..."

On vous l'avait dit : Pete Sampras était euphorique, mais à sa manière; ni Noah, ni Becker, ni même Rafter. Le numéro 1 des numéros 1 a fait exactement ce qu'l avait annoncé : boire un verre, pas deux, et s'amuser "un peu", pas plus.
Mais sous la tranquilité, germait une satisfaction aussi profonde que l'avait été sa détermination à chasser le record, de ville en ville,à travers l'automne européen. "Ce record, j'ai la sensation que personne ne le battra jamais", dit-il.

Alors, finalement, peu importaient les circonstances, l'abandon de Rios et la victoire sans avoir à lutter contre son rival : "C'est un peu ironique,admit-il, jétais en train de manger des pâtes à l'hotel quand j'ai appris qu'il avait déclaré forfait. Je pensais que j'aurais à gagner un match ou le tournoi complet. C'est malheureux pour Marcelo, mais ça ne va pas effacer ce que j'ai fait cette année et au cours des six dernières années."

Que Sampras se rassure, aucune éponge maligne n'est brandie au-dessus de son palmarès.

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Le seul petit b&ecaute;mol mis au bonheur de Sampras concernait le peu d'echos soulevés dans son propre pays par sa performance. Sur les trois cent cinquante journalistes de presse écrites et radiophonique présents à Hanovre, un seul américain, venu à ses frais dans l'espoir de proposer ses services aux journalistes nationaux. Et un seul quotidien, USA Today, a fait appel à lui jeudi soir; les autres se sont contentés des agences.
Quant à Jimmy Connors... "Je n'ai toujours pas de nouvelles, ironisa Sampras. Mais c'est le jour du Thanksgiving, alors je suis sûr qu'il est très occupé."

Cette ombre ne s'étend heureusement pas à l'Europe. Sacré numéro 1 des numéros 1 par les ordinateurs, Sampras avait été intronisé "champion des champions" du tennis par Boris Becker dés l'année dernière. Jeudi soir, il fut confronté avec l'éventualité d'être le meilleur sportif mondial du moment par un confrère : "Il m'est difficile de dire ça. J'essaye de rester modeste, mais c'est difficile aussi. Ceux qui ont été numéro 1 peuvent comprendre ce que représente ce que j'ai fait. Je ne viendrai jamais vous dire que je suis le meilleur de tous les temps ou de tous les sports. Disons que je laisse parler mes résultats. Les gens qui connaissent le tennis se rendent compte de la difficulté de se maintenir au sommet. Je crois, moi, que je l'apprécierai encore plus quand j'aurai arrété ma carrière. C'est dur de rester au sommet dans n'importe quel sport et plus encore dans le tennis qui est un one-man-show. J'en suis donc très fier."